Y.A.Galev fait ses photos au moment où on pose pour lui et au moment où il veut faire une photo lui-même, il est toujours un participant de cet événement. Il capture les étreintes et crée un espace particulier de rapprochement et de confiance, l’espace des sentiments ouverts, ensemble avec des gens qui posent exprès ou bien avec ceux qui ne regardent pas dans l’objectif de la camera.
Ces photos permettent de voir que les étreintes que nous considérons par habitude comme normales seulement dans les liens privés conjugaux ou de parenté, englobent un plus grand cercle, celui des relations humaines. De plus, on voit que les égalités s’embrassent : femmes et hommes, les amis et la famille, les camarades de classe et les copines, les collègues de travail et les employés. Les étreintes sont un geste de sympathie et d’arrangement, mais ce n’est pas une approbation, une appropriation ou un patronage.
Le monde des sens humains ne s’accorde pas avec les frontières de son corps, il est beaucoup plus grand. Les gens s’embrassent dans des situations de malheur comme de fête. En se touchant entre eux ils créent des sentiments communs. Tout ce qu’ils ressentent est compliqué et varié. Parfois ce sont des gestes démonstratifs d’un jeu de flirt: ça peut se passer et aux mariages et aux enterrements. Parfois se sont des étreintes de soutien et de récomfort, par exemple dans une situation extatique de la douleur aigue en rapport avec la mort d’un proche. De temps à autre, ce sont des étreintes de câlins amicaux et disposés. Celui qui embrasse démontre son appartenance au groupe, en se serrant physiquement avec les autres corps, en devenant une part entière de ce grand corps commun. En langage corporel, les gens expriment leurs relations beaucoup plus explicite et complexe envers chacun, contrairement aux habitudes de le faire par les mots.
Inna Vesselova, Svetlana Adonieva
Traduction par Xénia Haro et Leila Gousseinova