Les relations entre les proches sont mises en avant par les gestes, les regards, les poignées de mains et les enlacements, les repas collectifs ainsi que les affaires communes. Il est étonnant de savoir que dans certaines situations les proches ont vraiment physiquement l’air de créer un cercle. Esthétiquement cela reflète une idée d’union. On peut rencontrer ce genre de situation aux jubilés, au moment de faire ses adieux avant d’accompagner les jeunes à l’armée ou de les rencontrer au retour, aux funérailles ou aux anniversaires. C’est le cercle proche familial et amical. Ces cercles n’étaient pas les seuls pour un habitant de l’Union Soviétique des années 60-70. Il y avait également le cercle des camarades de classes. Au début c’était une étape obligatoire des «rituels» pionniers, puis ce cercle revenait lors des étapes importantes de la vie : les mariages ou les enterrements. Dans le centre du cercle est habituellement celui ou ce qui est le gage valide ou le symbole de l’unité du groupe : le soldat en permission, la tombe du père, le cercueil, le repas, le bébé, la grand-mère, les jeunes mariés ou l’eau de vie dans la bouilloire. Ce cercle est la confirmation de la fraternité, qu’on ne voit pas habituellement, qu’on ne peut pas différencier derrière les jours et les affaires, mais ici elle est présentée dans toute sa splendeur par la disposition des corps. Les participants aux portraits groupés cherchent à reproduire physiquement leur union et veulent être ensemble dans le cadre. Le photographe connaît ce mystère sacré qu’est le cercle des proches et attrape ces moments dans ses clichés comme un reporter. Le cercle proche, c’est des hommes et des femmes, plus ou moins âgés, des voisins et des amis, des enfants et des parents, des tantes et des oncles, des beaux-frères et des belles-soeurs, des cousins et des cousines, des oncles et des frères, avec qui chacun a des relations différentes. C’est avec eux qu’on passe notre vie, mais ceux qui sont ensembles, épaule contre épaule et main dans la main, se lèvent pour cette vie, pour sa défense.
Inna Vesselova, Svetlana Adonieva
Traduction par Xénia Haro et Leila Gousseinova